Dr. Singh: Puisque les manifestations de la nature matérielle sont transitoires, pourquoi se soucier d'échapper à un phénomène somme toute temporaire?

Srila Prabhupada: Et pourquoi donc portez-vous des vêtements chauds? Vous n'en avez pas besoin puisque dans quelques heures le soleil réapparaîtra.

Dr. Singh: Mais, pour l'instant, le fond de l'air est plutôt frais.

Srila Prabhupada: Mais que ce soit pour maintenant ou pour plus tard, pourquoi prenez-vous la peine de vous habiller chaudement?

Dr. Singh: Pour éviter le désagrément d'avoir froid.

Srila Prabhupada: Voilà tout, c'est pour ne pas être incommodé. La théorie des mayavadis est totalement irrationnelle; selon eux, il serait inutile de se préoccuper de ces choses: "Ce qui doit arriver, arrivera inexorablement; pourquoi donc se tracasser? Tout est Un." Cette philosophie mayavada prône un monisme absolu: tout ne ferait qu'Un avec Dieu, et tout être vivant serait l'égal de Dieu.

Nous n'aurions rien contre les chimistes s'ils admettaient que la vie est à l'origine de toutes choses, mais ceux ci prétendent au contraire que tout a surgi des ténèbres de la matière inerte, et c'est cela même que nous contestons. Mais leur ignorance s'explique facilement: celui qui passe des ténèbres à la lumière croit naturellement que l'obscurité représente la phase originelle. Supposez qu'une personne sorte à la lumière du jour après avoir passé sa vie dans l'obscurité. Elle va naturellement penser que le jour a jailli des ténèbres, alors qu'en réalité, celles-ci ne résultent que de l'absence de la lumière; elles ne sauraient d'elles-mêmes engendrer de lumière.

Dr. Singh: L'obscurité se trouve donc subordonnée à la lumière.

Srila Prabhupada: En d'autres mots, la lumière exclut l'obscurité, et lorsqu'elle faiblit, tout devient obscur. De même, quand notre conscience spirituelle, ou notre conscience de Krsna, s'assoupit, elle se teinte alors de matérialité.

Le sommeil représente une interruption de l'état de veille, amenée par la fatigue, et, selon le même ordre d'idée, le réveil ne correspond nullement au début d'une nouvelle existence qui naîtrait du sommeil. Nous existions déjà, même lorsque nous dormions, et au matin, la "vie" ne fait que continuer. Ce point demande à être bien compris: bien que l'être vivant soit éternel, dans l'esprit d'un enfant qui vient de naître, le jour où il a été mis au monde par sa mère marque le début de son existence. Mais en réalité, il était simplement inconscient dans la matrice de sa mère, où se formait son corps matériel, et à la naissance sa conscience s'est éveillée.

Dr. Singh: Et au moment de la mort, il sombre de nouveau dans le sommeil?

Srila Prabhupada: Oui. C'est ce que décrit la Bhagavad-gita (8.19):

 

bhuta-gramah sa evayam
bhutva bhutva praliyate
ratry-agame 'vasah partha
prabhavaty ahar-agame
 

"Sans fin, jour après jour, renaît le jour, ô Partha, et chaque fois, des myriades d'êtres sont ramenés à l'existence. Sans fin, nuit après nuit, tombe la nuit, et avec elle, les êtres, dans l'anéantissement, sans qu'ils n'y puissent rien."

Puisé dans le livre: "La vie vient de la vie". (Dixième entretien)