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SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 1 CHAPITRE 3 Les avataras.
tad idam grahayam asa
sutam atmavatam varam sarva-vedetihasanam saram saram samuddhrtam
Les hommes de peu de savoir n'acceptent pour "historiques" les faits relatifs à l'histoire du monde qu'à partir de l'avènement de Buddha, environ six cent ans avant la venue du Christ; selon eux, tous les récits historiques se déroulant à des époques antérieures donnés par les Ecritures sont des mythes. Rien de plus faux. Tous les récits se trouvant dans les Puranas, le Mahabharata et autres Ecrits du même ordre relatent des faits vécus, non seulement sur notre planète, mais sur des millions d'autres planètes de l'univers. Bien sûr, de tels récits, concernant l'histoire des planètes situées au-delà de notre monde, semblent tout à fait incroyables à nos ignares; comment sauraient-ils que les planètes sont toutes différentes les unes des autres et que leur histoire peut également varier, ne pas coïncider avec celle de la Terre? En fait, si on considère la situation des diverses planètes et qu'on tient également compte des nombreuses circonstances de temps et de lieux, les récits que nous livrent les Puranas ne présentent rien d'extraordinaire ou qui sente l'invention. Nous devrions garder à l'esprit que le bonheur des uns fait le malheur des autres: rejoindre les ignares dans leur rejet de ces textes en allant croire qu'ils relèvent de la fiction ne pourrait nous être que détrimental. Pourquoi de grands rsis comme Vyasa auraient-ils truffé leurs oeuvres de récits imaginaires? Le Srimad-Bhagavatam rapporte donc des faits historiques choisis parmi les histoires de différentes planètes, et pour cette raison, tous ceux qui font autorité en matière spirituelle reconnaissent en lui le Maha-purana, ou le grand Purana. L'importance commune de ces récits tient à ce qu'ils se rapportent aux Activités du Seigneur en diverses circonstances de temps et de lieux. Or, Srila Sukadeva Gosvami, le plus grand de tous les êtres réalisés, accepta de son père, Vyasadeva, cet Ecrit comme objet d'étude. Srila Vyasadeva représente une grande autorité en matière spirituelle, et vu l'importance du Srimad-Bhagavatam, il voulait en transmettre le message -comparable à la crème qu'on sépare du lait- d'abord à son noble fils Srila Sukadeva Gosvami. Les Ecritures védiques sont comme un océan de savoir, empli du lait de la connaissance, et le Srimad-Bhagavatam, qui renferme les versions authentiques, instructives et savoureuses de divers récits en rapport avec le Seigneur et Ses dévots, est l'essence la plus pure, la plus suave, de cet océan, comme la crème ou le beurre qu'on extrait du lait. Il ne sert à rien, cependant, de recevoir le message du Bhagavatam des lèvres d'incroyants, d'athées ou de récitants professionnels qui en font un commerce pour la masse des hommes. Srila Sukadeva Gosvami ne pratiqua jamais un tel commerce, ne pensa jamais à utiliser ce message pour soutenir sa famille. Le Srimad-Bhagavatam doit donc être reçu d'un représentant de Sukadeva, lequel aura par ailleurs tranché tout lien d'avec sa famille et accepté l'ordre du renoncement. Le lait constitue certes un aliment sain et nourrissant, mais dès qu'il est touché par la langue d'un serpent, il perd toutes ses qualités, ou même devient mortel. Dans un même ordre d'idées, ceux qui n'adhèrent pas strictement à la discipline vaisnava devraient se garder de faire un commerce du récit du Srimad-Bhagavatam et de devenir par là une cause de mort spirituelle pour ceux qui les écoutent. Dans la Bhagavad-gita, le Seigneur affirme que le seul but des Vedas est de Le connaître. Or, le Srimad-Bhagavatam est Sri Krsna Lui-même sous forme de savoir écrit. Il constitue donc la crème de tous les Vedas, et parce qu'il rassemble tous les faits historiques de tous les temps concernant Sri Krsna, il forme en outre la quintessence de tous les récits d'histoire.
sa tu samsravayam asa
maharajam pariksitam prayopavistam gangayam paritam paramarsibhih
Tous les messages spirituels doivent être reçus à travers la succession disciplique, qu'on nomme parampara; toute autre voie gâte l'authenticité de ce message, qu'il s'agisse du Srimad-Bhagavatam ou d'un autre Ecrit védique. Vyasadeva transmit originellement son message spirituel à Sukadeva Gosvami, duquel le reçut plus tard de Suta Gosvami. C'est donc, en ce qui nous concerne, de Suta Gosvami ou de son représentant dans la succession disciplique que nous devons le recevoir, et certes pas de n'importe quel exégète non qualifié. L'empereur Pariksit ayant reçu à l'avance la nouvelle de sa mort, avait aussitôt quitté sa famille et son royaume pour aller s'asseoir sur les bords du Gange et jeûner jusqu'à la mort. En hommage à son rang impérial, tous les grands sages, rsis, philosophes et yogis le rejoignirent au lieu qu'il avait choisi. Ils lui offrirent des suggestions quant à son devoir immédiat, juste avant la mort, mais il fut finalement décidé qu'il écouterait des lèvres de Sukadeva Gosvami le message de Sri Krsna. Et c'est ainsi que lui fut narré le Srimad-Bhagavatam. Sripada Sankaracarya, qui prêchait la philosophie mayavada et insistait sur l'aspect impersonnel de l'Absolu, recommanda pourtant également qu'on prenne refuge aux pieds pareils-au-lotus de Sri Krsna, car, disait-il, il n'y a rien à tirer d'interminables débats sur la nature de l'Absolu. Il admit par là, de manière indirecte, que toutes ses subtiles interprétations grammaticales du Vedanta-sutra ne pouvaient être d'aucune aide à celui qui se trouve sur le pas de la mort. A ce moment décisif, il faut chanter le Nom de Govinda: telle est la recommandation de tous les grands spiritualistes. Or, voilà déjà bien longtemps, Sukadeva Gosvami avait enseigné la même vérité -que l'on doit se souvenir de Narayana au moment de quitter le corps. Car, là se trouve l'essence de toutes les pratiques spirituelles. C'est en application de cette vérité que Maharaja Pariksit écouta le Srimad-Bhagavatam, que lui transmettait justement le même Sukadeva Gosvami, autorité en la matière. Ainsi, l'orateur et l'auditeur du Srimad-Bhagavatam furent tous deux libérés, par la même voie.
krsne sva-dhamopagate
dharma-jnanadibhih saha kalau nasta-drsam esa puranarko dhunoditah
Sri Krsna possède un royaume (dhama) éternel où Il Se divertit pour l'éternité avec Ses compagnons éternels et tout ce qui éternellement L'entoure. Ce royaume éternel est une manifestation de Son énergie interne, alors que l'univers matériel constitue une manifestation de Son énergie externe. Or, quand Il descend dans l'univers matériel, Il le fait à travers Sa puissance interne, qu'on nomme atma-maya, et avec tout Son entourage. Le Seigneur confirme d'ailleurs Lui-même, dans la Bhagavad-gita, qu'Il descend en ce monde par Sa propre puissance, ou atma-maya. Sa Forme, Son Nom, Sa Renommée, Son Entourage, Son Royaume... ne sont donc pas des créations de la matière. Et lorsqu'Il descend ainsi, c'est afin de rappeler à Lui les âmes déchues et de rétablir les principes de la religion, ou de la spiritualité, que Lui-même a énoncés. Nul autre que Dieu ne peut rétablir ces principes. Lui seul, ou un être qualifié, doté par Lui de pouvoirs à cette fin, peut dicter les codes de la religion. La vraie religion consiste à connaître Dieu, à connaître la relation qui nous unit à Lui, nos devoirs envers Lui et, finalement, notre destinée une fois quitté le corps de matière. Mais les âmes conditionnées, prisonnières de l'énergie matérielle, ont une bien mince connaissance de ces principes de vie. La plupart vivent comme des animaux: ils mangent, dorment, s'accouplent et ont peur, se défendent, rien de plus. Les êtres déchus, sous prétexte de cultiver la piété, la connaissance ou le salut, poursuivent avidement le seul plaisir des sens. Et cet âge de Kali, ou âge de la discorde, les rend encore plus aveugles. Au fond, les hommes de notre âge ne sont que des animaux hautement raffinés, tout à fait ignorants des questions spirituelles et des principes de la religion, ou de l'existence divine, aveugles, incapables de voir au-delà des besoins du corps. Ils ne savent rien de l'âme spirituelle, située au-delà de la juridiction du mental, de l'intelligence et du faux ego, mais ne s'en montrent pas moins très fiers de leurs progrès dans les domaines de la connaissance empirique, de la science et de la prospérité matérielles. Pour avoir ainsi perdu de vue le but ultime de l'existence, ils prennent d'innombrables risques en cette vie, qui les conduiront finalement à renaître sous la forme d'un chien ou d'un porc après avoir quitté leur enveloppe charnelle présente. Sri Krsna, le Seigneur Suprême, est apparu juste avant que commence le kali-yuga, et Il est reparti vers Son royaume éternel pratiquement au début de cet âge. Au cours de Son séjour sur Terre, Il révéla toutes choses à travers Ses Activités. Particulièrement, Il énonça la Bhagavad-gita et réduisit à rien tous les faux principes de spiritualité. D'autre part, avant de quitter ce monde, Il dota Vyasadeva, par l'intermédiaire de Narada, des pouvoirs nécessaires à la compilation du Srimad-Bhagavatam. Ainsi ces deux textes, la Bhagavad-gita et le Srimad-Bhagavatam, constituent-ils deux flambeaux dans la nuit du kali-yuga, deux sources de lumière pour guider en cet âge les hommes privés de vision. En d'autres termes, s'ils désirent retrouver la vue, considérer la vie sous son vrai jour, ils doivent ne s'attacher qu'à ces deux Ecrits; ainsi verront-ils le but de l'existence se réaliser pour eux. La Bhagavad-gita forme une étude préliminaire au Srimad-Bhagavatam, qui représente le sommet de la vie, le summum bonum, ou Sri Krsna en Personne. Nous devons donc reconnaître en le Srimad-Bhagavatam la manifestation de Sri Krsna. En vérité, celui qui voit le Srimad-Bhagavatam tel qu'il est voit également Sri Krsna en personne, car Ils ne font qu'Un.
tatra kirtayato vipra
viprarser bhuri-tejasah aham cadhyagamam tatra nivistas tad-anugrahat so ham vah sravayisyami yathadhitam yatha-mati
On peut certes percevoir directement la présence de Sri Krsna dans les pages du Srimad-Bhagavatam, mais il faut en recevoir le message d'une âme noble et réalisée comme Sukadeva Gosvami. Rien ne sert d'utiliser les services d'un narrateur professionnel, d'un simulateur dont le seul but est d'en tirer quelque argent qu'il utiliseraa pour assouvir ses désirs charnels. Nul ne peut saisir le Srimad-Bhagavatam s'il vit au contact de personnes qui se livrent aux plaisirs de la chair, nul non plus auprès d'un exégète qui en donne sa propre interprétation, souillée d'érudition profane. Il faut plutôt étudier le Bhagavatam auprès d'un représentant de Sukadeva Gosvami, et de nul autre, si on éprouve le moindre désir de voir Sri Krsna dans ses pages. Tel est le secret pour percer son message; aucune alternative ne s'offre. Suta Gosvami représente authentiquement Sukadeva Gosvami, car il a le souci de transmettre le message du Bhagavatam exactement tel qu'il l'a reçu du noble et érudit brahmana, lequel transmettait lui-même intact l'enseignement reçu de son père. Il ne suffit pas d'entendre, il faut prêter au texte une attention toute particulière pour le réaliser. Le mot nivistah signifie ici que Suta Gosvami a de ses oreilles absorbé le nectar du Bhagavatam; pas d'autre façon véritable d'en recevoir le message. Il faut donc écouter avec toute son attention, auprès d'une source autorisée, et c'est seulement ainsi qu'on pourra réaliser la présence de Sri Krsna à chaque page. Tel est le secret. Nul ne peut écouter attentivement s'il n'a le mental pur, et nul ne peut posséder un mental pur si ses actes sont impurs. Or, nul n'est pur dans ses actes si sa nourriture, son sommeil, ses activités sexuelles et les moyens qu'il met en oeuvre pour se défendre sont impurs. Mais si, d'une manière ou d'une autre, on parvient à écouter très attentivement et d'une source sûre le message de ce Srimad-Bhagavatam, on est, dès le début, assuré d'y voir à chaque page Sri Krsna en Personne. Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le troisième chapitre du premier Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "Les avataras".
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |