13) Le maha-mantra est l'essence et la conclusion de tout savoir, rite, hymne et mantra védique (celui qui le chante a donc étudié tous les Vedas et accompli toutes les pratiques védiques au cours de vies antérieures).

L'essence de toute la connaissance védique est contenue dans le maha-mantra :

Le Narada-pañcaratra loue également le maha-mantra Hare Krishna en ces termes :

trayo vedah sad-angani
chandamsi vividhah surah
sarvam astaksarantahstham
yac canyad api van-mayam
sarva-vedanta-sararthah
samsararnava-taranah

" L'essence de toute la connaissance védique - englobant les trois formes d'actions védiques (le karma-kanda, le jñana-kanda et l'upasana-kanda), le chandah, ou hymnes védiques, et les cultes rendus aux devas - se trouve contenue dans les huit syllabes Hare Krishna, Hare Krishna. Telle est la réalité de tout le Vedanta. Seul le chant du Saint Nom permet de franchir l'océan d'ignorance. " (C.C. Adi 7.76)

Puisqu'il délivre les âmes conditionnées, le Saint Nom incarne l'essence de tous les hymnes védiques :

[Isvara Puri dit à Sri Chaitanya:] " En cet âge de Kali, il n'est d'autre précepte religieux que de chanter le Saint Nom, qui forme l'essence de tous les hymnes védiques. Telle est la teneur de toutes les Écritures. "

Le fait de simplement chanter, sans commettre d'offenses, le mantra Hare Krishna peut nous délivrer de toutes conditions matérielles tant grossières que subtiles... Dans l'âge actuel, chanter le maha-mantra est la seule voie spirituelle qui se trouve sur le plan transcendantal, au-delà de la souillure matérielle. Étant donné que le Saint Nom peut libérer une âme conditionnée, on dit ici qu'il est sarva-mantra-sara, l'essence de tous les hymnes védiques. (C.C. Adi 7.74)

Le chant du Saint Nom forme la substance de tous les mantras védiques :

Srila Jiva Goswami, dans son Bhakti-sandarbha (verset 284), met beaucoup l'accent sur le chant du Saint Nom du Seigneur :

nanu bhagavan-namatmaka eva mantrah; tatra visesena

namah-sabdady-alankrtah sri-bhagavata srimad-rsibhis cahita-sakti-visesah, sri-bhagavata samam atma-sambandha-visesa-pratipadakas ca tatra kevalani sri-bhagavan-namany api nirapeksany eva parama-purusartha-phala-paryanta-dana-samarthani tato mantresu namato 'py adhika-samarthye labdhe katham diksady-apeksa ? ucyate - yady api svarupato nasti, tathapi prayah svabhavato dehadi-sambandhena kadarya-silanam viksipta-cittanam jananam tat-sankocikaranaya srimad-rsi-prabhrtibhir atrarcana-marge kvacit kacit kacin maryada sthapitasti

Il précise que le chant du Saint Nom forme l'essence de tous les mantras védiques. Chaque mantra débute par le préfixe nama om et évoque en fin de compte Dieu, la Personne Suprême, par Son Nom. Par la volonté suprême du Seigneur, chaque mantra que chantent de grands sages comme Narada Muni et d'autres rsis recèle un pouvoir spécifique. Chanter le Saint Nom ravive aussitôt la relation transcendantale qui unit l'être vivant au Seigneur Suprême. (C.C. Adi 7.76)

Celui qui chante le Saint Nom a déjà accompli tous les rites, oblations, austérités et études védiques :

[Devahuti dit à Kapila:] " O combien glorieux sont ceux dont la langue chante Tes Saints Noms! Fussent-ils issus de familles de mangeurs de chiens, ils deviennent dignes de vénération. Ceux qui chantent les Saints Noms de Ta Grâce doivent s'être livrés à toutes sortes d'austérités, avoir accompli mille sacrifices par le feu et adopté tous les bons principes des Aryens. Pour pouvoir ainsi chanter Tes Saints Noms, ils doivent s'être baignés en de saints lieux de pèlerinage, avoir étudié les Védas et satisfait à toutes exigences. "

Comme l'enseigne le verset précédent, quiconque chante une seule fois le Saint Nom de Dieu sans commettre d'offense trouve aussitôt qualité pour accomplir les sacrifices védiques. Il ne faut pas s'étonner de ces propos du Srimad-Bhagavatam, ni douter de leur véracité en se demandant comment il est possible de devenir un saint homme digne d'être comparé au plus élevé des brahmanes par le seul fait de chanter le Saint Nom. Pour dissiper de tels doutes du mental des incroyants, le présent verset précise que l'on n'accède pas de façon soudaine au chant des Saints Noms, mais qu'on y parvient seulement après avoir accompli toutes sortes de rites et de sacrifices védiques. Ainsi, il ne faut pas s'étonner outre mesure, car nul en cette vie ne peut chanter le Saint Nom s'il n'a déjà franchi toutes les étapes préliminaires, soit l'accomplissement des sacrifices rituels prescrits dans les Védas, l'études des Textes védiques et l'adoption des principes élevés des Aryens. Tout ceci doit d'abord avoir été accompli. De même qu'un étudiant en droit a forcément déjà reçu une éducation générale, quiconque adopte la pratique du chant des Saints Noms du Seigneur - Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare - doit avoir déjà franchi toutes les étapes pécédentes. Il est dit que même ceux qui chantent le Saint Nom du bout des lèvres sont glorieux; en fait, il n'est même pas nécessaire de chanter le Saint Nom et de saisir les différentes phases du processus - dites offensante, sans offense, puis pure; il suffit que le Saint Nom effleure le bout de la langue. Notre verset affirme qu'un seul nama (mot singulier) - c'est-à-dire un seul Nom, tel Krishna ou Rama - suffit. Il n'est pas impératif de chanter tous les Saints Noms du Seigneur. Ceux-ci sont en effet innombrables, et nous n'avons pas à les chanter tous pour prouver que nous nous sommes déjà soumis à toutes les cérémonies rituelles védiques. Si quelqu'un ne chante qu'une fois, il faut le considérer comme ayant déjà réussi tous les examens préliminaires; que dire dès lors de ceux qui chantent ou récitent constamment le Saint Nom, vingt-quatre heures par jour...

Le Saint Nom doit être chanté pour la satisfaction du Seigneur Suprême, et non pour en retirer quelque plaisir personnel ou dans un but professionnel. Toute personne en qui prévaut cette mentalité pure, fût-elle issue d'une basse famille - d'une famille de mangeurs de chien par exemple -, devient si glorieuse que non seulement elle se purifie elle-même, mais elle devient en plus tout à fait apte à libérer autrui. Un tel être a qualité pour discourir sur l'importance du Nom divin, ainsi que le fit Thakura Haridasa. Bien qu'apparemment issu d'une famille musulmane, parce qu'il chantait le Saint Nom sans commetttre d'offenses, Sri Chaitanya l'habilita à devenir l'acarya, ou l'autorité souveraine, pour la propagation du Nom. Le fait qu'il avait vu le jour dans une famille n'observant pas les règles et principes védiques n'avait aucune importance. Chaitanya Mahaprabhu et Advaita Prabhu virent en lui une figure d'autorité du simple fait qu'il chantait le Saint Nom sans commettre d'offenses. Les maîtres qu'ils étaient reconnurent sans hésiter qu'il s'était déjà livré à toutes sortes d'austérités, qu'il avait étudié les Vedas et accompli tous les sacrifices. Il s'agit là d'une conclusion qui s'impose d'elle-même. Cependant, il existe une classe de brahmanes par hérédité, appelés smarta-brahmanas, qui pensent que même si l'on tient pour purifiées les personnes qui chantent ou récitent le Saint Nom, celles-ci n'en doivent pas moins se plier aux rites védiques ou attendre de renaître dans leur vie future au sein de familles de brahmanes pour être à même d'accomplir les cérémonies védiques. Mais en vérité, il n'en est rien. De tels hommes n'ont pas à attendre leur vie suivante pour devenir purifiés; ils le sont d'emblée, et l'on doit admettre qu'ils ont déjà observé tous les rites. Ce sont plutôt ces prétendus brahmanes qui doivent se soumettre à diverses austérités avant de pouvoir atteindre ce niveau de purification. Il est plusieurs autres pratiques védiques dont notre verset ne fait pas mention, et qui ont toutes déjà été accomplies par ceux qui chantent ou récitent les Saints Noms.

Le mot juhuvuh signifie que ces personnes qui chantent les Saints Noms ont déjà accompli toutes sortes de sacrifices; et le mot sasnuh signifie qu'elles se sont déjà rendues dans tous les saints pèlerinages, où elles se sont livrées à différentes activités purificatoires. On les qualifie d'aryas, car elles ont déjà satisfait à tous ces préliminaires, en sorte qu'elles doivent être comptées parmi les Aryens, ou ceux qui en ont développé les qualités. Par Aryens, on désigne les êtres civilisés dont la conduite est réglée selon les rites védiques. Or, un bhakta chantant les Saints Noms représente le meilleur des Aryens. À moins d'étudier les Vedas, nul ne peut devenir un Aryen, mais il est admis d'office que ceux qui pratiquent le chant des Saints Noms ont déjà assimilé tous les Textes védiques. Le mot précis utilisé à cet effet, anucuh, indique que parce qu'ils ont déjà complété toutes ces œuvres préliminaires, ils sont habilités à remplir les fonctions de maître spirituel.

Le mot grnanti utilisé dans ce verset désigne précisément une personne déjà établie dans l'accomplissement parfait de tous les rites. Si, par exemple, un juge préside la cour suprême et se trouve appelé à juger différentes affaires, cela signifie qu'il a déjà passé avec succès tous les examens de droit et qu'il vaut infiniment mieux que ceux qui sont en train de faire des études de droit ou qui projettent d'en faire. De la même façon, les personnes qui chantent ou récitent les Saints Noms transcendent le niveau de ceux qui accomplissent les rites védiques ou de ceux qui espèrent être habilités à le faire (ou, en d'autres mots, ceux qui sont issus de familles de brahmanes, mais ne se sont pas encore soumis aux cérémonies purificatoires et espèrent donc étudier les rites védiques afin d'accomplir dans le futur les divers sacrifices prescrits.) Les Vedas stipulent en plusieurs endroits que quiconque chante le Saint Nom s'affranchit aussitôt de l'existence conditionnée et que quiconque entend le Saint Nom du Seigneur, fût-il issu d'une famille de mangeurs de chien, se libère également des rets de la matière. (S.B.3.33.7)

[Krishna dit à Arjuna:] " En vertu de la conscience divine acquise dans sa vie passée, il est tout naturellement porté vers la pratique du yoga, parfois même à son insu. Désireux de connaître le yoga, il transcende déjà tous les rites scripturaires. "

Un yogi élevé dans la vie spirituelle sera tout naturellement attiré par les principes du yoga, aptes à le conduire jusqu'à la cime, jusqu'à la conscience de Krishna, tandis qu'il se désintéressera des rites mentionnés dans les Écritures :

aho bata svapaco 'to gariyan
yaj-jihvagre vartate nama tubhyam
tepus tapas te juhuvuh sasnur arya
brahmanucur nama grnanti ye te

" O Seigneur, même s'ils viennent de familles de mangeurs de chiens, ceux qui chantent Tes Saints Noms sont extrêmement élevés dans la conscience spirituelle. Car pour pouvoir ainsi chanter Tes Noms, ils ont dû mener maintes ascèses, exécuter d'innombrables sacrifices, se baigner dans tous les lieux sacrés et avoir étudié toutes les Écritures. " (S.B.3.33.7)

Sri Chaitanya en donna l'exemple parfait en faisant de Haridasa Thakura, malgré son ascendance musulmane, l'un de Ses principaux disciples. Parce qu'il avait été fidèle à son vœu de réciter, chaque jour, 300 000 Noms du Seigneur - Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare -, le Seigneur en fit le namacarya (l'acarya du Saint Nom). Qu'il ait pu ainsi réciter constamment le Nom du Seigneur indique qu'il avait, dans sa vie précédente, exécuté tous les rites des Védas (sabda-brahman); car à moins d'être purifié, on ne peut ni suivre les principes de la conscience de Krishna, ni chanter le Saint Nom. (B.G. 6.44)

Comme l'enseignait le quinzième chapitre, toutes les règles et restrictions des Vedas ont pour seul but de nous faire connaître Krishna. Celui qui, à la lumière de la Bhagavad-Gita, comprend la nature de krishna et s'établit dans la conscience de Krishna en s'engageant dans le service de dévotion, celui-là a déjà atteint la plus haute perfection du savoir offert par les Écritures védiques. Cette méthode, Sri Chaitanya Mahaprabhu, nul autre que le Seigneur, en a rendu l'accès facile. Il demandait à tous de simplement chanter : Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare -, de servir le Seigneur avec amour et dévotion et de goûter aux reliefs de l'offrande de nourriture présentée à la murti. On doit voir en celui qui s'engage dans ces activités dévotionnelles quelqu'un qui a déjà étudié tous les Textes védiques, qui en est arrivé à la parfaite conclusion. (B.G. 16.24)