8) Le chant du Saint Nom par opposition aux autres pratiques spirituelles
(le yajña, le yoga et l'austérité).

Dans le Kali-yuga, le chant du Saint Nom est la méthode directe pour atteindre la perfection spirituelle :

Qu'on pratique le yoga ou qu'on se livre à la spéculation en vue de trouver Dieu, tout effort doit s'accompagner de l'élément dévotionnel. Sans dévotion, rien ne saurait être parfait. Le sommet de la perfection et de la réalisation spirituelle est le Seigneur Souverain... Il est nécessaire de s'abandonner aux pieds de lotus du Seigneur, Sri Hari, ou Krishna, si l'on désire connaître la vraie réussite. Le service de dévotion, ou la pratique de la conscience de Krishna, constitue la voie directe, quand toute autre méthode, bien qu'également recommandée, est indirecte. Dans l'âge de Kali, la voie directe s'avère en outre beaucoup plus accessible que les voies indirectes, puisque la vie est de courte durée, l'intelligence pauvre, les conditions d'existence misérables et le mental troublé par de nombreuses causes de souffrance. Sri Chaitanya nous a par conséquent légué le plus grand des bienfaits : dans cet âge, il suffit de chanter le Saint Nom de Dieu pour atteindre la perfection de la vie spirituelle. (S.B. 3.21.7)

La destination suprême s'atteint plus aisément par le chant du Saint Nom de Krishna que par toute autre voie spirituelle :

N'importe quel homme intelligent préférera la voie dévotionnelle à toute autre. Le Narayaniya ajoute d'ailleurs qu'on ne devrait jamais s'adonner aux diverses formes de l'action intéressée ou cultiver la connaissance par la spéculation intellectuelle, car quiconque se voue à la Personne Suprême peut jouir de tous les fruits qu'engendrent les divers yogas, la spéculation intellectuelle, les rites, les sacrifices, les actes de charité, etc. Telle est la bénédiction spéciale que confère le service de dévotion.

ya vai sadhana-sampatti
purusartha-catustaye
taya vina tad apnoti
naro narayanasrayah

Grâce au simple chant des Saints Noms de Krishna : Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare - le bhakta peut arriver, dans la joie et sans difficulté, à la destination suprême, que nulle autre voie spirituelle ne permet d'atteindre. (B.G. 12.6-7)

Le chant du Saint Nom incarne la plus haute spiritualité :

Srila Sanatana Goswami glorifie comme suit le chant des Saints Noms dans son Brihad-Bhagavatamrita (1.9) :

jayati jayati namananda-rupam murarer
viramita-nija-dharma-dhyana-pujadi-yatnam
katham api sakrd attam mukti-dam praninam yat
paramam amrtam ekam jivanam bhusanam me

30 " Gloire, gloire au bienheureux Saint Nom de Sri Krishna, grâce auquel le dévot peut renoncer à toute forme conventionnelle de religion, de méditation et de culte. Lorsque, d'une façon ou d'une autre, il est prononcé ne serait-ce qu'une seule fois par une âme conditionnée, le Saint Nom lui accorde la libération. Le Saint Nom de Krishna est le plus enivrant des nectars; il représente ma vie même et constitue mon bien le plus précieux. " (C.C. Antya 4.71)

Le chant collectif du Saint Nom remplit le but ultime de la religion :

[Karabhajana Muni dit au roi Nimi:] " Dans l'âge de Kali paraîtra l'avatar qui sans cesse chante le Nom de Krishna. Bien qu'Il ne soit pas de sombre carnation, Il sera Krishna en personne, entouré de Ses armes, compagnons, serviteurs et confidents. Les êtres dotés d'intelligence L'adoreront en adoptant le chant collectif du Saint Nom. "

Srila Jiva Goswami cite un verset des Védas qui souligne la futilité des rites sacrificiels et des cérémonies pompeuses, expliquant qu'à de telles pratiques, superficielles et ostentatoires, l'on doit préférer le chant collectif, par tous - sans distinction de rang, de couleur ou de croyance - du mantra Hare Krishna, et par là adorer Sri Chaitanya. Les mots krsna-varnam tvisakrsnam indiquent qu'il faut accorder au Nom de Krishna la plus haute importance. C,est ainsi que Sri Chaitanya enseigna la conscience de Krishna en chantant Son Saint Nom. En retour, tous devraient s'assembler pour chanter le maha-mantra : Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare/ Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare - et vouer leur adoration au Seigneur Chaitanya. Il est devenu impossible de promouvoir l'exercice du culte au sein des églises, temples et des mosquées, car les gens ont perdu tout attrait pour ces pratiques. Mais quel que soit le moment ou l'endroit, tous peuvent chanter Le mantra Hare Krishna, et ainsi, par l'adoration de Sri Chaitanya, accéder au plus haut accomplissement, en outre, le but ultime de la religion : satisfaire le Seigneur Suprême. (C.C. Adi 3.52)

Dans le Kali-yuga, le chant du Saint Nom est particulièrement recommandé pour la réussite spirituelle :

Les Textes védiques, qui font autorité en la matière, nous révèlent que tout particulièrement à l'époque ù nous vivons, le Kali-yuga, les gens vivent généralement peu longtemps, ils ont des habitudes de vie déplorables et ont tendance à accepter des pratiques dévotionnelles qui ne sont pas authentiques. En outre, ils sont toujours opprimés par les conditions matérielles, et infortunés pour la plupart. Étant donné ces circonstances, il est devenu absolument impossible de recourir à d'autres voies commes celles du yajña, du dana, du tapah et du kriya, c'est-à-dire des sacrifices, de la charité, etc. C'est pourquoi il est recommandé :

harer nama harer nama harer namaiva kevalam
kalau nasty eva nasty eva nasty eva gatir anyatha

" Chante le Saint Nom du Seigneur, car en cet âge de querelle et d'hypocrisie, il n'existe pas d'autre moyen, pas d'autre moyen, pas d'autre moyen pour atteindre la libération. " Le simple fait de chanter le Saint Nom permet en effet d'avancer parfaitement dans la vie spirituelle. C'est le meilleur processus pour atteindre le succès dans la vie. Au cours d'autres âges, le chant du Saint Nom conserve tout son pouvoir, mais dans le Kali-yuga, il est encore plus puissant. (S.B. 7.5.23-24)

Le chant du maha-mantra permet de goûter automatiquement les fruits du karma, du jñana et du yoga :

Sukadeva Goswami marque fortement l'importance du maha-mantra : Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare - lorsque, dans le Srimad-Bhagavatam (2.1.11), il dit à Maharaja Pariksit : " O roi, celui qui éprouve un attrait spontané pour le chant du maha-mantra Hare Krishna, il faut le savoir parvenu au plus haut niveau de perfection. " Il insiste particulièrement sur le fait que les karmis avides des fruits de leurs actes, les impersonnalistes en quête de salut et cherchant à ne plus faire qu'un avec la Personne Suprême, et les yogis assoiffés de pouvoirs surnaturels, peuvent goûter les fruits de toutes ces perfections par le simple chant du maha-mantra. Sukadeva use à cet effet du mot nirnitam, signifiant une vérité irrévocable. Âme libérée, le sage ne saurait prendre en compte un fait qui ne revête un caractère absolu; c'est pourquoi il affirme avec insistance qu'il s'agit là d'un fait irrévocable : celui qui parvient à chanter avec détermination et constance le mantra Hare Krishna en a définitivement terminé avec l'action intéressée, la spéculation intellectuelle et la pratique du yoga. (ND, p. 124)

Le chant du Saint Nom nous délivre plus efficacement des chaînes de la matière que le karma, le jñana et le yoga :

[Sukadeva Goswami dit au roi Pariksit:] " Ajamila était un brahmane qui, du fait de ses mauvaises fréquentations, avait renoncé à toute culture brahmanique et à tout principe religieux. Tombé on ne peut plus bas, il vola, but et commit toutes sortes d'autres actes innommables, allant même jusqu'à entretenir une prostituée. Il était donc destiné à être emmené en enfer par les serviteurs de Yamaraja; mais simplement pour avoir à peine commencé à chanter le Saint Nom Narayana, il fut immédiatement sauvé. En conséquence, quiconque désire être délivré des chaînes de la matière doit adopter la pratique du chant et de la glorification du Nom, de la renommée, de la forme et des divertissements de Dieu, la Personne Suprême, aux pieds de qui se tiennent tous les lieux saints. Aucune autre méthode, qu'il s'agisse d'expiation pieuse, de conjectures intellectuelles ou de méditation inspirée du yoga, n'apporte de bienfait véritable, car même après les avoir appliquées, on se livre de nouveau à l'action intéeressée, étant incapable de rester maître de son mental souillé par les attributs primaires de la nature, à savoir la Passion et l'Ignorance. "

Il s'est avéré que, même après avoir atteint ce qu'ils appellent la perfection, de nombreux karmis, jñanis et yogis se sont à nouveau attachés aux activités matérielles. De nombreux soi-disant swamis et yogis renoncent aux activités matérielles en les dénonçant comme des illusions (jagan mithya), mais au bout d'un certain temps, ils n'en retournent pas moins aux activités de ce monde en ouvrant des hôpitaux et des écoles, ou en accomplissant d'autres œuvres pour le bien du public. Parfois même, ils se mêlent de politique, tout en continuant de se prétendre des sannyasis, ses membres de l'ordre du renoncement. Néanmoins, la conclusion parfaite est la suivante : quiconque désire vraiment sortir de l'Univers matériel doit adopter le service de dévotion, lequel commence par l'écoute et le chant des gloires du Seigneur (sravanam kirtanam visnoh). Le Mouvement pour la Conscience de Krishna en est la preuve vivante. Dans les pays occidentaux, de nombreux jeunes gens habitués à la drogue et à toutes sortes de pratiques peu recommandables auxquelles ils ne pouvaient renoncer, coupèrent court à toutes ces tendances pour se consacrer avec beaucoup de sérieux à la glorification du Seigneur, cela dès qu'ils eurent adhéré au Mouvement pour la Conscience de Krishna. En d'autres termes, il s'agit de la méthode parfaite d'expiation pour tout acte commis sous l'influence de la Passion (rajah) et de l'ignorance (tamas). Selon le Srimad-Bhagavatam (1.2.19) :

tada rajas-tamo-bhavah
kama-lobhadayas ca ye
ceta etair anaviddham
sthitam sattve prasidati

Sous l'influence du rajah et du tamah, l'être devient de plus en plus concupiscent et avide; mais lorsqu'il adopte la pratique du chant et de l'écoute des gloires du Seigneur, il parvient au niveau de la Vertu où il trouve le bonheur. À mesure qu'il progresse sur la voie du service de dévotion, il voit tous ses doutes se dissiper complètement (bhidyate hrdaya-granthis chidyante sarva-samsayah). Le nœud formé par le désir de se livrer à l'action intéressée est alors tranché et réduit en pièces. (S.B. 6.2.45)

Explication du verset harer nama du Brhan-naradiya Purana :

Après cet incident, le Seigneur mangea du riz cru que Lui avait donné Suklambara Brahmacari et Il expliqua en détail le sens du sloka harer nama mentionné dans le Brihan-naradiya Purana : " En cet âge de Kali, il n'y a pas d'autre moyen, pas d'autre moyen, pas d'autre moyen de parvenir à la réalisation spirituelle que de chanter le Saint Nom, chanter le Saint Nom, chanter le Saint Nom du Seigneur Hari. " En cet âge, Sri Krishna sous la forme de Son Saint Nom, le maha-mantra Hare Krishna. Il suffit de chanter le Saint Nom pour être en contact direct avec le Seigneur. Quiconque agit ainsi est sûr d'être délivré. Ce verset répète trois fois le mot eva [en vérité] pour bien souligner ce point, et il mentionne également à trois reprises harer nama [le Saint Nom du Seigneur] pour que tout le monde comprenne bien. L'emploi du mot kevala [seulement] interdit toute autre voie, telle que la recherche du savoir, la pratique du yoga et l'accomplissement d'austérités et d'activités intéressées. Ce verset dit clairement que quiconque suit une autre voie ne peut être délivré. Voilà la raison de cette triple répétition " rien d'autre, rien d'autre, rien d'autre ", qui met l'accent sur la véritable méthode de réalisation spirituelle.

Pour bien faire comprendre quelque chose à une personne, il arrive qu'on le répète trois fois. On dira ainsi : " Tu dois faire cela! Tu dois faire cela! Tu dois faire cela! " Le Brihan-naradiya Purana souligne ainsi à plusieurs reprises bombien il est important de chanter le Saint Nom afin que les gens puissent pratiquer cette méthode sérieusement et se libérer ainsi de l'emprise de maya...

Notre Mouvement pour la Conscience de Krishna recommande exclusivement le chant du mantra Hare Krishna, tandis que ceux qui ne connaissent pas le secret du succès pour cet âge de Kali s'adonnent vainement à la recherche du savoir, à la pratique du yoga ou encore à des activités intéressées ou à des austérités inutiles. Ils ne font que perdre leur temps et fourvoyer leurs disciples. Lorsque nous déclarons cela sans détour à un auditoire, certains membres de groupes opposés se mettent en colère. Toutefois, conformément aux injonctions des sastras, nous ne pouvons pas faire de compromis avec ces prétendus jñanis, yogis, karmis et tapasvis. Lorsqu'ils disent qu'ils ont autant de valeur que nous, nous devons dire que nous seuls avons de la valeur. Il ne s'agit pas d'obstination de notre part, ce sont les sastras qui dictent notre conduite. Nous ne devons pas dévier des commandements des sastras. (C.C. Adi 17.20-25)

Le jñana, le yoga, la méditation, les actes de vertu ne purifient pas le cœur de façon aussi efficace que le chant du Saint Nom :

Ceto-darpana-marjanam : il faut purifier notre cœur. Or, il existe pour cela différentes voies : le jñana, le yoga, la méditation, et aussi les actes de vertu, ou karma. Celui qui manifeste une grande piété dans ses actes purifie graduellement son cœur. Néanmoins, si ces diverses voies permettent de se purifier, dans l'ère où nous vivons elles s'avèrent toutes difficiles à suivre. Celui qui désire se vouer à l'étude de la philosophie devra faire preuve d'une grande érudition, lire d'innombrables ouvrages, approcher de grands érudits et s'engager dans la spéculation intellectuelle; en outre, il devra chercher un maître parfaitement accompli. Telles sont les voies de la philosophie. La méditation, elle aussi préconisée, commence par une question : " Qui suis-je? " Il faut alors se livrer à une analyse : " Suis-je ce corps? Non. Ce doigt? Non plus, puisqu'il s'agit de mon doigt. Et voilà ma jambe." Vous allez ainsi vous rendre compte que tout est mon ou ma. Que devient alors ce " je "? Tout est à moi certes, mais où situer ce moi ? Voilà ce qu'on entend par méditation; il s'agit d'absorber tous ses sens en cette quête du moi. Néanmoins, cette voie s'affirme très difficile car elle exige avant tout une maîtrise des sens. Ceux-ci nous attirent en effet vers le monde extérieur, mais il faut apprendre à les maîtriser si nous voulons nous livrer à l'introspection. La voie du yoga comprend huit étapes successives. La première consiste à maîtriser les sens par l'observance de principes régulateurs. Puis il faut s'exercer aux diverses postures du yoga - ce qui aide à concentrer la pensée. S'asseoir dans une attitude nonchalante n'a certainement pas un effet très favorable. On doit pour progresser maintenir une assise bien droite. Il faut ensuite apprendre à régler la respiration, pour accéder à la méditation et enfin au samadhi. Aujourd'hui toutefois, ces pratiques s'avèrent des plus ardues, et bien qu'elles soient sanctionnées par les Védas, nul ne peut s'y soumettre d'emblée. Le yoga que l'on connaît de nos jours - tout au plus quelques postures et exercices respiratoires - n'en représente plus que certaines étapes, qui ne permettent pas d'accéder au niveau de la perfection. On peut également essayer d'acquérir le savoir par le biais de la spéculation philosophique : " Ceci participe du Brahman, mais non cela; alors comment définir Brahman? Et qu'est-ce que l'âme spirituelle ?" Or, malgré qu'elles soient également préconisées par les Védas, ces discussions philosophiques ne portent aucun fruit véritable en cet âge.

Voilà pourquoi Chaitanya Mahaprabhu - et avec Lui les Écritures védiques - affirme :

harer nama harer nama
harer namaiva kevalam
kalau nasty eva nasty eva
nasty eva gatir anyatha

Kalau signifie "en cet âge". Puis nasty eva, " absolument pas ", répété trois fois. À quoi donc se rapporte cette triple négation ? En premier lieu, au fait qu'on ne peut se réaliser par le karma - il s'agit du premier " absolument pas ". Ensuite, qu'on ne peut non plus se réaliser par le jñana - le deuxième "absolument pas". Enfin, qu'on ne peut encore pas y parvenir par le yoga - le troisième " absolument pas ". Kalau nasty eva nasty eva nasty eva gatir anyatha. Sans nul doute, on ne peut, en cet âge, accéder à la réalisation du soi par aucun de ces trois procédés. Quelle est donc la voie recommandée ? Harer nama harer nama harer namaiva kevalam. Il suffit de chanter le mantra Hare Krishna. Kevalam signifie " exclusivement ". Ce procédé authentique est le plus simple, le plus pur qui soit. Chacun peut en bénéficier, peu importe sa condition; il n'y a rien à perdre, rien à payer. Il ne s'agit pas d'un chant ou d'un mantra secret, mais bien plutôt d'un procédé accessible à quiconque désire purifier son cœur. (SAF, pp. 153-155)

Le chant du Saint Nom apporte la perfection de toute austérité, sacrifice ou acte intéressé :

On lit dans le Skanda Purana :

yasya smrtya ca namoktya
tapo-yajña-kriyadisu
nunam sampurnatam eti
sadyo vande tam acyutam

" À Lui mon hommage, à Lui, l'Infaillible, car il suffit de se souvenir de Sa Personne ou de prononcer Son Saint Nom pour connaître la perfection de toute austérité, sacrifice ou acte intéressé, et tous peuvent emprunter cette voie universelle. " (S.B. 2.9.36)

Dans le Kali-yuga, le chant du Saint Nom est plus important que l'étude du Védanta :

[Prakasananda Sarasvati dit à Sri Chaitanya:] " Vous êtres un sannyasi. Pourquoi, dès lors, Vous adonner au chant et à la danse ? Pourquoi animez-Vous ce mouvement de sankirtana en compagnie de fanatiques ? La méditation et l'étude du Védanta sont les seuls devoirs d'un sannyasi. Pourquoi les abandonnez-Vous pour danser en compagnie de fanatiques ? Vous resplendissez comme si Vous étiez Narayana Lui-même. Auriez-Vous la bonté de m'expliquer pourquoi Vous avez adopté un comportement indigne de Votre rang ? " Sri Chaitanya Mahaprabhu répondit à Prakasananda : " Votre Grâce, daignez entendre entendre la raison de tout cela. Mon maître spirituel Me considérait comme un insensé; voilà pourquoi il Me châtia. "Tu es un insensé, Me dit-il. Tu n'es pas capable d'étudier la philosophie du Védanta; aussi dois-Tu chanter sans cesse le Saint Nom de Krishna, qui représente l'essence de tous les mantras ou hymnes védiques.""

Lorsque Prakasananda Sarasvati demanda à Sri Chaitanya pourquoi Il n'étudiait pas le Védanta ni ne méditait, Sri Chaitanya Se présenta comme un insensé de la pire espèce pour enseigner que dans l'ère où nous vivons, le Kali-yuga, on ne rencontre que des êtres particulièrement pécheurs et insensés, incapables d'atteindre la perfection simplement par l'étude de la philosophie du Védanta ou par la méditation. Les sastras préconisent avec force :

harer nama harer nama harer namaiva kevalam
kalau nasty eva nasty eva nasty eva gatir anyatha

" Chante le Saint Nom du Seigneur, car en cet âge de querelle et d'hypocrisie, il n'existe pas d'autre moyen, pas d'autre moyen, pas d'autre moyen pour atteindre la délivrance. " La plupart des gens au cours du Kali-yuga sont si déchus qu'il eur est impossible d'atteindre la perfection par la seule étude du Védanta-sutra. Il faut donc sérieusement s'en remettre au chant constant du Saint Nom du Seigneur... Bien que Sri Chaitanya soit le Seigneur Suprême, Krishna, le maître spirituel de l'Univers entier, Il n'en joua pas moins le rôle d'un disciple afin d'enseigner par l'exemple qu'un dévot doit s'en tenir rigoureusement à l'ordre d'un maître spirituel en chantant constamment le maha-mantra Hare Krishna. Celui que l'étude de la philosophie du Védanta attire beaucoup doit s'inspirer de l'exemple donné par Sri Chaitanya. En cet âge, nul n'est réellement compétent pour étudier le Védanta; aussi est-il préférable de chanter le Saint Nom du Seigneur, qui représente l'essence de toute connaissance védique, comme le confirme Krishna Lui-même dans la Bhagavad-Gita (15.15) :

vedais ca sarvair aham eva vedyo
vedanta-krd veda-vid eva caham

" Le but de l'étude de tous les Védas est de Me connaître; en vérité, c'est Moi qui ai composé le Védanta, et Je suis Celui qui connaît les Védas. "

Celui dont la connaissance de la conscience de Krishna se révèle imparfaite ne peut comprendre la philosophie du Védanta. Un étalage prétentieux d'étude du Védanta dénué de conscience de Krishna relève de l'énergie externe, maya, et tant que l'homme est attiré par les imperfections de l'énergie matérielle en constante mutation, il ne peut que s'écarter de la dévotion au Seigneur. Le véritable adepte de la philosophie du Védanta est un dévot de Vishnou, le plus grand d'entre les grands, le soutien de l'Univers entier. Nul ne peut atteindre l'infini s'il ne dépasse pas le domaine du service consacré au limité. La connaissance de l'infini représente le vrai brahma-jñana, la connaissance du Suprême. Ceux qui se vouent à l'action intéressée et à la connaissance spéculative ne peuvent comprendre la valeur du Saint Nom du Seigneur, Krishna, qui est toujours complètement pur, éternellement libéré et tout de félicité spirituelle. Celui qui a trouvé refuge en le Saint Nom, qui est identique au Seigneur Lui-même, n'a pas a étudier la philosophie du Védanta car il a déjà mené toutes ces études à leur terme.

Celui qui n'a pas qualité pour chanter le Saint Nom et qui, le croyant différent de Krishna, cherche ainsi refuge dans l'étude du Védanta pour comprendre Krishna, doit être considéré comme un insensé de la pire espèce, comme le confirme la conduite personnelle de Chaitanya Mahaprabhu. Quant aux adeptes de la spéculation intellectuelle qui désirent faire une carrière universitaire au moyen de l'étude du Védanta, ils sont aussi considérés comme relevant de l'énergie matérielle. Au contraire, une personne qui chante sans cesse le Saint Nom a déjà traversé l'océan de l'ignorance. Par suite, même celui qui a vu le jour dans une famille de rang inférieur mais qui chante le Saint Nom doit être jugé comme ayant déjà dépassé l'étude de la philosophie du Védanta. À ce sujet, le Srimad-Bhagavatam (3.33.7) affirme :

aho bata svapaco 'to gariyan
yaj jihvagre vartate nama tubhyam
tepus tapas te juhuvuh sasnur arya
brahman ucur nama grnanti ye te

36 " Même s'il est issu d'une famille de mangeurs de chien, celui qui chante le Saint Nom de Krishna doit être vu comme une personne s'étant soumise à maintes ascèses et ayant accompli tous les yajñas védiques au cours de sa vie passée. " Un autre passage des Écritures stipule :

rg-vedo 'tha yajur-vedah sama-vedo 'py atharvanah
adhitas tena yenoktam harir ity aksara-dvayam

" Celui qui chante les deux syllabes ha-ri a déjà achevé l'étude des quatre Védas - le Sama, le Rig, le Yajur et l'Atharva. "

Se fondant abusivement sur ces versets, certains sahajiyas, prenant tout à la légère, se considèrent comme des Vaisnavas, mais ne se soucient même pas d'aborder l'étude du Védanta-sutra ou de la philosophie du Védanta. Un authentique Vaisnava devrait étudier la philosophie du Védanta; mais si, après l'avoir approfondie, on n'adopte pas le chant du Saint Nom, on ne vaut alors guère mieux qu'un Mayavadi. En conséquence, il ne faut pas être Mayavadi, mais en même temps, il ne s'agit pas d'être ignorant en matière de philosophie du Védanta. De fait, au cours de Ses entretiens avec Prakasananda Sarasvati, Chaitanya Mahaprabhu montra qu'Il connaissait le Védanta. Comprenons sonc qu'un Vaisnava devrait être parfaitement versé dans la philosophie du Védanta; cependant, il ne devrait pas penser que cette étude représente l'unique réalité et n'éprouver ainsi aucun attachement pour le chant du Saint Nom. Un dévot doit bien saisir qu'il est important de simultanément comprendre la philosophie du Védanta et chanter le Saint Nom. Si, par l'étude du Védanta, on devient impersonnaliste, c'est que l'on n'a pas su percer le mystère du Védanta. C'est ce que confirme la Bhagavad-Gita (15.15). Védanta signifie "conclusion du savoir". L'ultime aboutissement du savoir est la science de Krishna, qui est identique à Son Saint Nom. (C.C. Adi 7.68-72)

Dans le Kali-yuga, le chant du Saint Nom est plus important que le sannyasa pour accéder à la réalisation spirituelle :

Dans le Kali-yuga, le sannyasa est interdit car les hommes de cet âge sont tous des sudras, incapables d'en observer les règles et principes. Ainsi est-ce devenu chose commune que de voir de prétendus sannyasis agir de façon aberrante, jusqu'à entretenir des relations intimes avec les femmes. Telle est la situation abominable en cet âge. Bien qu'ils s'habillent en sannyasis, ils ne parviennent pas à échapper aux quatre principes d'une vie de péché, à savoir la vie sexuelle illicite, la consommation de chair animale, l'usage d'excitants et de substances toxiques, et le jeu. Et puisqu'ils ne peuvnet s'affranchir de ces attachements, ils ne font que tromper le public en se faisant passer pour des swamis.

Dans le Kali-yuga, l'injonction des Védas est que nul ne doit prendre le sannyasa. Bien sûr, ceux qui adhèrent véritablement aux principes régulateurs se doivent de l'adopter. Mais en général, les hommes sont incapables d'embrasser l'ordre du renoncement, et c'est pourquoi Chaitanya Mahaprabhu a bien souligné le fait que dans cet âge - kalau nasty eva nasty eva nasty eva gatir anyatha - il n'existe aucune autre voie que le chant des Saints Noms du Seigneur : Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare. Le but premier du sannyasa est de vivre en relation étroite et constante avec le Seigneur Suprême, que ce soit en pensant à Lui, dans le cœur, ou en entendant parler de Lui. Dans cet âge, l'écoute revêt une importance plus grande encore que la méditation, car celle-ci risque fort d'être troublée par quelque agitation mentale, alors que si l'on se concentre sur l'écoute, on sera forcé de rester au contact de la vibration sonore du Nom de Krishna. La Personne " Krishna " et le son " Krishna " sont identiques, et si l'on chante à voix haute " Hare Krishna ", on peut immédiatement penser à Krishna. Cette pratique du chant des Saints Noms est donc la meilleure méthode de réalisation spirituelle en cet âge, et c'est pourquoi Sri Chaitanya l'a enseignée si merveilleusement, pour le bien de l'humanité entière. (S.B. 3.24.35)

La continence étant impossible en cet âge, Sri Chaitanya préconise le chant du Saint Nom comme la seule voie de réalisation spirituelle :

[Krishna dit à Arjuna:] " Les grands sages du renoncement, versés dans les Védas, et qui prononcent l'omkara, pénètrent dans le Brahman. Je vais maintenant t'instruire dans cette voie du salut, qui requiert la continence. "

Tels sont les deux aspects du Brahman que réalisent les étudiants de la science védique : dès les premiers temps de leur éducation, vivant dans le plus complet célibat auprès du maître spirituel, ils apprennent à faire vibrer le son om et se voient instruits de la lumière impersonnelle du Brahman. La continence est alors primordiale. Sans elle, point de progrès spirituel pour l'étudiant. Par malheur, les structures sociales ont tellement changé qu'il est aujourd'hui impossible à un individu de demeurer chaste d'un bout à l'autre de sa vie d'étudiant, d'observer strictement le brahmacarya. On trouve aujourd'hui, dans les universités, une multitude de disciplines, de spécialités diverses, mais nulle part on n'enseigne les principes du brahmacarya, sans lesquels il est très difficile de progresser dans la vie spirituelle. Pour combler cette lacune, Chaitanya Mahaprabhu vint enseigner au monde la méthode qui, selon les Écritures, constitue le seul moyen de réaliser l'Absolu en l'ère de Kali, c'est-à-dire le chants des Saints Noms : Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare. (B.G. 8.11)

Dans le Kali-yuga, au lieu de rester tourné vers les faibles lueurs des spéculateurs et des athées, on doit tirer bénéfice du Mouvement de Sri Chaitanya, qui est axé sur le chant du mantra Hare Krishna :

Lors de la saison des pluies, quand tombe la nuit, on voit, ici et là, en grand nombre dans le haut des arbres, des vers luisants briller comme des petits fanaux. Dans le ciel, cependant, aucun astre ne paraît, ni les étoiles ni la lune. De même, dans l'âge de Kali, les athées et les mécréants se font font visibles, sur le devant de la scène; et les hommes qui suivent véritablement les principes védiques afin de connaître la libération spirituelle sont maintenus dans l'obscurité. Notre âge, donc, le Kali-yuga, est comparé à la saison nuageuse des êtres vivants. Le savoir véritable y est voilé par l'illusoire progrès matériel. Ainsi, les adeptes de la spéculation, les athées et les fabricants de faux principes religieux, comme les vers luisants dans le soir de la saison des pluies, se mettent en vue; mais ceux qui suivent strictement les principes védiques, ou les enseignements scripturaires, sont cachés par les nuages du Kali-yuga. Le devoir de chacun, c'est de s'éclairier aux vraies sources de lumière : le soleil, la lune, les étoiles, et non les vers luisants. Qu'éclairent-ils, d'ailleurs, dans le noir de la nuit ? Parfois, même à la saison des pluies, le ciel se dégage et le soleil, la lune et les étoiles apparaissent alors à nos yeux; de même, dans le Kali-yuga se présentent parfois des éclaircies. Parmi elles, la plus grande est certes le Mouvement védique de Sri Chaitanya, axé sur la diffusion du mantra Hare Krishna. Ceux qui recherchent avec sérieux la vraie vie doivent, au lieu de rester tournés vers les faibles lueurs qu'irradient les spéculateurs intellectuels et les athées, tirer plein bénéfice de ce Mouvement. (KRSNA, pp. 173-174)

Dans cet âge, le chant du Saint Nom est plus important que l'adoration du salagrama-sila :

Depuis des temps immémoriaux, la coutume voulait qu'une personne née dans une famille de brahmanes adore le salagrama-sila en toutes circonstances. Certains membres de notre Mouvement pour la Conscience de Krishna se montrent très désireux d'introduire le culte du salagrama-sila, mais nous nous sommes intentionnellement abstenu de le faire, car la plupart des membres de ce Mouvement ne viennent pas originellement de familles de brahmanes. Plus tard, lorsque nous verrons qu'ils suivent rigoureusement les normes de conduite brahmanique, ce culte du salagrama-sila pourra être introduit.

Dans cet âge, l'adoration du salagrama-sila n'a pas autant d'importance que le chant du Saint Nom du Seigneur. Telle est l'injonction des sastras.

harer nama harer nama harer namaiva kevalam
kalau nasty eva nasty eva nasty eva gatir anyatha

Selon Srila Jiva Goswami, en chantant le Saint Nom sans commettre d'offenses, on devient vraiment parfait. Néanmoins, afin de purifier le mental, il est également nécessaire d'adorer la murti dans le temple. En conséquence, quand on a atteint un niveau élevé de conscience spirituelle, ou lorsqu'on est parfaitement situé au niveau spirituel, on peut entreprendre l'adoration du salagrama-sila. (C.C. Adi 13.86)