5) Le sankirtana-yajña est le seul yajña recommandé en cet âge.

a) Instructions générales.

Le Seigneur Chaitanya a introduit le sankirtana-yajña pour la délivrance de tous les humains en cet âge de Kali :

[Sri Krishna dit à Arjuna:] " Au début de la Création, le Seigneur de tous les êtres peupla l'Univers d'hommes et de dévas. Recommandant les sacrifices à Vishnou, Il les bénit en disant: " Que ces yajñas vous apportent le bonheur et répandent sur vous tous les bienfaits désirables. "

Le Seigneur a créé l'Univers matériel pour que les âmes conditionnées apprennent à accomplir des yajñas (sacrifices) ayant pour but la satisfaction de Vishnou; ainsi, tout au long de leur séjour en ce monde, n'ayant pas à se préoccuper outre mesure de leurs besoins matériels, elles peuvent vivre agréablement, puis, quand elles ont quitté leur corps de matière, entrer dans le royaume de Dieu. Tel est l'arrangement du Seigneur pour aider les êtres conditionnés. Ces yajñas leur permettent de devenir progressivement conscients de Krishna et d'acquérir tous les traits de la vertu. Dans l'âge de Kali, les Ecritures védiques recommandent le sankirtana-yajña, le chant des Saints Noms de Dieu, et ce sacrifice spirituel fut instauré par Sri Chaitanya Mahaprabhu, nul autre que Krishna Lui-même, en vue de libérer tous les hommes de cet âge. Le sankirtana-yajña et la conscience de Krishna vont de pair; c'est ainsi que le Srimad-Bhagavatam mentionne l'avènement du Seigneur sous la forme d'un pur bhakta, Sri Chaitanya Mahaprabhu, propageant le Mouvement du sankirtana :

krsna-varnam tvisakrsnam
sangopangastra-parsadam
yajñaih sankirtana-prayair
yajanti hi sumedhasah

" Dans l'âge de Kali, les êtres d'intelligence adoreront le Seigneur et Ses compagnons en accomplissant le sankirtana-yajña. " (S.B. 11.5.32) Les autres yajñas mentionnés dans les Ecritures védiques sont presque impossibles à accomplir dans l'âge de Kali, mais le sankirtana-yajña, facile et sublime en tous points, les vaut tous. (B.G. 3.10)

De tous les sacrifices, le chant du Saint Nom est le plus pur et le plus simple :

[Krishna dit à Arjuna:] " Parmi les sacrifices, [Je suis] le japa, le chant des Saints Noms… "

D'entre les sacrifices, c'est le japa, le chant du maha-mantra - Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare, Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare - qui offre la plus pure représentation du Seigneur. On trouve parfois prescrits certains sacrifices animaux, mais dans le sacrifice qui consiste à chanter le mantra Hare Krishna, nulle violence; c'est le plus simple, le plus pur des sacrifices. (B.G. 10.25)

Dans l'âge de Kali, le sacrifice universel est le sankirtana-yajña :

[Le roi Pariksit dit à Kali:] " Par suite, ô allié de l'irréligion, tu ne mérites pas de hanter les lieux où d'habiles brahmanas accomplissent des sacrifices en accord avec la vérité et les principes de la spiritualité, pour la satisfaction du Seigneur Suprême. "

Yajñesvara, le Seigneur Souverain, est le bénéficiaire de sacrifices variés, prescrits par les Écritures sous diverses formes pour différents âges. En d'autres mots, " sacrifier " signifie reconnaître la suprématie du Seigneur et agir pour qu'Il soit satisfait à tous égards... Dans l'âge de Kali, le sacrifice universel est le sankirtana-yajña. Telle est la pensée des sages hautement qualifiés qui savent répandre les pratiques du yajna. Le Seigneur Chaitanya enseigna la pratique de ce yajña particulier, et ce verset du Srimad-Bhagavatam nous laisse entendre qu'on peut accomplir ce sacrifice, le sankirtana-yajña, en tout lieu, de manière à repousser l'influence de Kali et à sauver l'humanité des effets de l'âge sombre. (S.B. 1.17.33)

Dans l'âge de Kali, le seul sacrifice fructueux est le chant collectif des Saints Noms du Seigneur :

Au-dessus du feu sacrificiel animé par les sages de Naimisaranya flottaient certes beaucoup de fumée et de doutes en raison des failles multiples qui s'étaient glissées dans leur entreprise. La première de ces failles réside dans le fait que l'âge de Kali se caractérise par un manque absolu de brahmanas expérimentés qui puissent mener à bien de telles cérémonies. Or, la moindre faute commise au cours de ces sacrifices entraîne l'échec complet et les résultats en seront aussi incertains que ceux d'une moisson. En effet, les meilleurs labours dépendent toujours de pluies providentielles, et de ce fait laissent toujours le cultivateur dans l'incertitude quant à la récolte. Et certes, les sacrifices accomplis dans l'âge de Kali obéissent, quels qu'ils soient, à la même règle. Les brahmanes avides et sans scrupule du Kali-yuga induisent le public innocent à s'engager dans l'accomplissement de sacrifices ostentatoires et douteux, en prenant bien garde de ne pas leur révéler l'enseignement des Écritures selon lequel il n'est d'autres sacrifices fructueux dans cet âge que le chant collectif des Saints Noms du Seigneur. (S.B. 1.18.12)

Le sankirtana-yajña est le seul yajña qui convient en ce Kali-yuga :

Lorsque des sages érudits et des brahmanes s'assemblent pour chanter des mantras védiques, certains parmi eux se livrent également à des débats concernant l'objet final des Écritures. C'est ainsi qu'on pouvait voir certains des sages et des brahmanes discuter, alors que d'autres chantaient des mantras védiques, si bien que l'atmosphère tout entière était surchargée de vibrations sonores spirituelles. Or, celles-ci se retrouvent sous forme simplifiée dans le chant du maha-mantra - Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare, Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare. Dans l'âge de Kali, on ne peut pas s'attendre à trouver de grands érudits en matière de connaissance védique, car les hommes, dans l'ensemble, sont très lents d'esprit, indolents et infortunés.

14 Aussi, Sri Chaitanya a-t-Il mis l'accent sur le chant du mantra Hare Krsna, formule également préconisée par le Srimad-Bhagavatam (11.5.32): yajñaih sankirtana-prayair yajanti hi sumedhasah. Aujourd'hui, vu la pauvreté de la population et son manque de connaissance dans le domaine des mantras védiques, il s'avère impossible de réunir les éléments nécessaires à l'accomplissement de sacrifices. À notre époque, par conséquent, il est recommandé à tous de s'assembler pour chanter le mantra Hare Krishna, ceci afin de satisfaire Dieu, la Personne Suprême, qu'entourent Ses compagnons intimes. On fait ici allusion à Sri Chaitanya, lequel apparaît en compagnie de Nityananda, d'Advaita et d'autres bhaktas. Tel est le yajña qu'il faut accomplir au cours de l'âge actuel. (S.B. 4.4.6)

Krishna étant tout, celui qui chante Hare Krishna accomplit toutes sortes de yajñas :

Ainsi parlèrent les brahmanas: " 0 Seigneur, Tu es le sacrifice personnifié. Tu es l'offrande de beurre clarifié, Tu es le feu, Tu es le chant des hymnes védiques qui accompagne le sacrifice, Tu es le combustible, la flamme, l'herbe kusa et les vases sacrificiels. Tu es les prêtres qui accomplissent le yajña, ainsi que les dévas, conduits par Indra, et l'animal destiné au sacrifice. Tout ce qui est offert en sacrifice n'est autre que Toi ou Ton énergie. "

Ce verset explique partiellement l'omniprésence de Sri Vishnou. Le Vishnou Purana enseigne que tout comme la chaleur et la lumière d'un feu localisé se répandent de tous côtés, tout ce que nous voyons dans les deux mondes, matériel et spirituel, n'est rien d'autre qu'une manifestation des différentes énergies issues de Dieu, la Personne Suprême. Les brahmanes attestent ici que Sri Vishnou est toute chose -- Il est à la fois le feu, l'offrande, le beurre clarifié, les accessoires, le lieu de sacrifice et l'herbe kusa. Ce verset témoigne que le sankirtana-yajña a autant de valeur en cet âge que tous les autres yajnas accomplis au cours des âges passés. Si l'on exécute le sankirtana-yajña en chantant le maha-mantra - Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare - il n'est pas nécessaire de se préoccuper des accessoires très particuliers qui sont requis lors des cérémonies sacrificielles prescrites par les Védas. Dans le chant des Saints Noms Hare et Krishna, Hare indique l'énergie de Krishna, et Krishna est le Vishnou-tattva. Réunis, ils représentent tout ce qui est. En cet âge, les hommes sont harcelés par les effets du Kali-yuga et ne sauraient réunir tous les accessoires nécessaires à l'accomplissement d'un sacrifice conforme aux instructions des Védas. Sachons cependant que celui qui chante simplement Hare Krishna accomplit par là toutes sortes de yajñas, car il n'est rien dans notre perspective qui ne soit Hare (l'énergie de Krishna) et Krishna. (S.B. 4.7.45)

En cet âge, le sankirtana-yajña, le chant du Saint Nom, est plus important que les rites védiques :

[Yamaraja dit aux Yamadutas:] " Du fait qu'ils sont égarés par l'énergie d'illusion de Dieu, la Personne Suprême, Yajñavalkya, Jaimini et autres compilateurs des textes religieux ne peuvent pas connaître la religion secrète, confidentielle, des douze mahajanas. Ils ne peuvent comprendre la valeur spirituelle et absolue du service de dévotion ou du chant du mantra Hare Krishna. Du fait que leur mental s'attache aux rites mentionnés dans les Védas - plus particulièrement dans le Yajur-véda, le Sama-véda et le Rig-véda - leur intelligence s'est émoussée. Ils s'affairent donc à réunir les ingrédients nécessaires à l'accomplissement de rites qui ne confèrent que des bénéfices temporaires, comme l'accès à Svargaloka où ils pourront jouir de plaisirs matériels. Ils ne sont pas attirés par le Mouvement du sankirtana, mais s'intéressent plutôt au dharma, à l'artha, au kama et à la moksa. "

Étant donné qu'on peut facilement atteindre la plus haute perfection en chantant le Saint Nom du Seigneur, certains se demanderont pourquoi il existe tant de cérémonies rituelles védiques et pourquoi les gens sont attirés par elles. Le présent verset répond à cette question. Comme l'enseigne la Bhagavad-gita (15.15), le véritable but de l'étude des Vedas est de nous conduire aux pieds pareils-au-lotus de Krishna (vedais ca sarvair aham eva vedyah). Malheureusement, les hommes dénués d'intelligence et séduits par la grandeur des yajñas védiques désirent assister à de fastueux sacrifices; ils veulent entendre réciter des mantras védiques et voir dépenser d'énormes sommes pour de telles cérémonies. Nous-mêmes devons parfois nous plier aux rites védiques pour contenter ces sots. Récemment, lors de l'inauguration de notre grand temple de Krishna-Balarama à Vrndvana, nous avons dû faire célébrer des rites védiques par les brahmanas locaux, car les habitants de Vrndavana, et plus particulièrement les smarta-brahmanas, refusaient de considérer des Européens et des Américains comme des brahmanas authentiques. Aussi avons-nous dû recourir aux services de brahmanas locaux pour accomplir de coûteux yajñas. Mais malgré tous ces yajñas, les membres de notre Mouvement accomplirent un sankirtana retentissant accompagné de mridangas, et à mon sens ce sankirtana était plus important que les rites. Cérémonies védiques et sankirtana se déroulaient simultanément, les premières à l'intention des personnes attirées par la possibilité d'être ainsi élevées jusqu'aux planètes édéniques (jadi-krta-matir madhu-puspitiyam), tandis que le second s'adressait aux purs bhaktas ne se souciant que de satisfaire Dieu, la Personne Suprême. Si cela n'avait tenu qu'à nous, nous aurions simplement accompli le sankirtana, mais alors les habitants de Vrndavana n'auraient pas pris au sérieux la cérémonie d'inauguration et d'installation des murtis. Ainsi que l'explique notre verset, les cérémonies védiques sont faites pour ceux dont l'intelligence a été émoussée par le langage fleuri des Védas, où sont décrites les activités intéressées destinées à élever une per- sonne jusqu'à une planète supérieure. Tout particulièrement en cet âge de Kali, le sankirtana suffit à lui seul. Si, dans les différentes parties du monde, les membres de nos temples continuent simplement de pratiquer le sankirtana devant la murti, particulièrement devant Sri Chaitanya Mahaprabhu, ils demeureront parfaits. Aucune autre pratique n'est nécessaire. (S.B. 6.3.25)

[Sukracarya dit à Sri Vishnou:] " La prononciation des mantras et l'observance des principes régulateurs peuvent comporter des imperfections, de même que le moment, l'endroit, la personne et les ingrédients. Mais quand on chante le Saint Nom de Ta Grâce, tout devient parfait. "

Sri Chaitanya Mahaprabhu insistait sur le verset suivant :

harer nama harer nama harer namaiva kevalam
kalau nasty eva nasty eva nasty eva gatir anyatha

" Chante le Saint Nom du Seigneur, car en cet âge de querelle et d'hypocrisie, il n'existe pas d'autre moyen, pas d'autre moyen, pas d'autre moyen. " (Brihan-naradiya Purana 38.126)

En cet âge de Kali, il est extrêmement difficile d'accomplir parfaitement les cérémonies religieuses védiques ou les sacrifices. Personne pour ainsi dire ne peut chanter les mantras védiques avec une prononciation parfaite ou réunir les ingrédients nécessaires à l'exécution des sacrifices. Le sankirtana, le chant constant du Saint Nom du Seigneur, est donc le sacrifice recommandé pour cet âge. Yajñaih sankirtana-prayair yajanti hi sumedhasah (S.B. 11.5.32). Au lieu de perdre leur temps à accomplir des rites védiques, les hommes intelligents, qui possèdent assez de matière grise, devraient adopter le chant du Saint Nom et accomplir ainsi un sacrifice parfait. J'ai vu de nombreux chefs religieux attachés à l'accomplissement des yajñas qui dépensaient des milliers de roupies pour des rituels imparfaits. Ceci doit servir de leçon à ceux qui accomplissent en vain ces sacrifices défectueux. Nous devrions suivre le conseil de Sri Chaitanya Mahaprabhu (yajñaih sankirtana-prayair yajanti hi sumedhasah). Sukracarya, bien qu'il fût un brahmane strict attaché aux rites, admit néanmoins : nischidram anusan kirtanam tava - " Seigneur, le chant continuel de Ton Saint Nom rend tout parfait. " Dans le Kali-yuga, les cérémonies védiques ne peuvent être accomplies aussi parfaitement que jadis. Srila Jiva Goswami a donc expliqué que bien que l'on doive veiller à suivre tous les principes régissant chaque activité spirituelle - en particulier dans le culte de la murti -, il reste toujours un risque d'erreur, et il recommande de compenser ce risque par le chant du Saint Nom de Dieu, la Personne Suprême. Dans notre Mouvement pour la Conscience de Krishna, nous insistons donc particulièrement sur le fait de chanter le maha-mantra Hare Krishna au cours de toutes les activités. (S.B. 8.23.16)

Ceux qui sont intelligents en cet âge préfèrent le sankirtana-yajña aux karma-kandiya-yajñas :

Tretayam yajato makhaih : dans le Treta-yuga, celui qui accomplit des yajñas obtient les résultats désirés. En se consacrant au visnu-yajña spécifiquement, on pouvait même atteindre les pieds pareils-au-lotus du Seigneur. Bien entendu, le yajña est destiné à plaire à Dieu, la Personne Suprême... Les karma-kandiya-yajñas sont destinés à ceux qui veulent jouir des plaisirs de ce monde, alors que le yajña devrait en fait être accompli dans le dessein de plaire à Dieu. Pour satisfaire la Personne Suprême, il est recommandé en cet âge d'accomplir le sankirtana-yajña. Yajñaih sankirtana-prayair yajanti hi sumedhasah. Seuls ceux qui sont très intelligents choisissent le sankirtana-yajña pour combler tous leurs désirs, matériels et spirituels, tandis que ceux qui sont avides de jouissance sensorielle accomplissent les karma-kandiya-yajñas. (S.B. 9.14.43)

Dû à l'absence de prêtres et de brahmanes qualifiés pour accomplir les rites et chanter les mantras védiques dans le Kali-yuga, le chant du mantra Hare Krishna est le seul sacrifice recommandé :

Le jour où fut extrait le jus du soma, le roi Yudhisthira, avec grand respect, reçut le prêtre qui avait été spécialement engagé afin de détecter toute erreur dans les procédures sacrificielles. C'est que les mantras védiques doivent être prononcées à la perfection et chantés avec l'accent approprié; si les prêtres occupés à ce chant commettent une erreur quelconque, le prêtre vérificateur corrige aussitôt la procédure en sorte que les rites se trouvent parfaitement accomplis. Car, absente la perfection dans son déroulement, un sacrifice ne peut porter les fruits désirés. Or, dans l'âge de Kali, point de brahmanes ainsi érudits: tout sacrifice védique est donc interdit. Le seul que permettent et recommandent les sastras est le chant du mantra Hare Krishna. (KRSNA, p. 645)

Afin d'obtenir le succès dans l'accomplissement d'un sacrifice, il faut au moins quatre prêtres officiants : celui qui offre l'oblation (hota), celui qui récite ou chante les hymnes (udgata), celui qui allume le feu sacrificiel sans l'aide d'aucune autre flamme (adhvaryu) et celui qui dirige l'accomplissement du sacrifice (brahma). De tels sacrifices furent accomplis depuis la naissance de Brahma, le premier être créé, jusqu'au règne de Maharaja Yudhisthira. Mais dans l'âge de corruption et de discorde où nous vivons, de tels brahmanes qualifiés sont rarissimes. Ainsi, le chant du Saint Nom du Seigneur représente-t-il l'unique yajña qui soit préconisé pour l'âge actuel. C'est ce qu'enseignent les Écritures :

harer nama harer nama harer namaiva kevalam
kalau nasty eva nasty eva nasty eva gatir anyatha

L'accomplissement de sacrifices se place sous le signe de l'action intéressée, et le processus entier revêt un caractère des plus rigoureux. Le succès d'un sacrifice dépend principalement de la prononciation correcte et de la juste intonation de certains mantras. Il s'agit là d'une grande science, mais parce qu'elle ne fut pas utilisée à bon escient depuis plus de quatre mille ans, par manque de brahmanes qualifiés, l'accomplissement de sacrifices n'apporte plus les fruits désirés, sans compter qu'il est déconseillé de s'y livrer dans l'âge déchu où nous vivons. Si de tels sacrifices sont entrepris dans l'âge présent, ils n'ont pour dessein que d'impressionner les masses et ne constituent qu'une supercherie organisée par des prêtres fourbes et rusés. Mais ces simulacres de sacrifice ne portent jamais de fruits... Puisque le but ultime de l'existence réside dans la réalisation spirituelle, Sri Chaitanya préconise expressément l'invocation directe du Saint Nom, ce que nous avons déjà mentionné. Les hommes de notre temps peuvent aisément bénéficier de cette pratique qui, par sa simplicité, sait s'adapter aux structures sociales les plus complexes. (S.B. 2.6.25-26)

Dans cet âge de Kali, personne ne sait chanter convenablement les mantras; c'est pourquoi tous les sacrifices recommandés dans les Védas sont aujourd'hui interdits. le seul yajña préconisé pour cet âge est le chant du mantra Hare Krishna, étant donné qu'il n'est pas possible de réunir les fonds nécessaires pour l'accomplissement des sacrifices, et encore moins de trouver des brahmanes compétents qui puissent chanter parfaitement les mantras...

Ce verset nous révèle que les offrandes présentées dans le feu et le chant des hymnes tirés du Yajur-véda firent se manifester des milliers de dévas, les Ribhus. De fait, les brahmanes comme Bhrigu Muni possédaient un pouvoir tel que par le seul chant des mantras védiques, ils pouvaient créer d'aussi puissants dévas. Bien que les mantras védiques existent encore de nos jours, il n'y a plus personne pour les prononcer correctement. Le fait est qu'on peut voir ses désirs comblés en chantant les mantras védiques ou le rig-mantra, la Gayatri. En cet âge de Kali toutefois, Sri Chaitanya nous enseigne qu'il suffit de chanter Hare Krishna pour atteindre toute perfection...

Le mot brahma-tejasa revêt un intérêt particulier. Les brahmanes possédaient alors une telle puissance qu'ils pouvaient accomplir des prodiges par la seule force de leur désir et par le chant d'un mantra védique. Toutefois, dans l'ère de dégénérescence où nous vivons, on ne saurait trouver de tels brahmanes. Selon le Pañcaratrika, en cet âge, toute la population serait composée de sudras, suite à la disparition de la culture brahmanique. Néanmoins, selon les normes de la smriti vaisnava, quiconque démontre qu'il connaît la science de la conscience de Krishna doit être considéré comme un brahmane en puissance, et toutes facilités pour accéder à la plus haute perfection doivent lui être accordées. Tel est l'incomparable présent offert par Sri Chaitanya. En cet âge déchu, pour atteindre la plus haute perfection de l'existence, il suffit d'adopter le chant du mantra Hare Krishna, grâce auquel tous les efforts visant à la réalisation spirituelle peuvent être couronnés de succès. (S.B. 4.4.32-34)

Les brahmanes qui sont versés dans la science des mantras védiques savent moduler correctement ces mantras. La combinaison du mantra et des mots sanskrits doit être chantée avec la prononciation exacte, faute de quoi l'opération échoue. Or, à notre époque, les brahmanes ne sont ni versés dans la langue sanskrite, ni très purs dans leurs activités quotidiennes. Toutefois, le chant du mantra Hare Krishna permet d'obtenir la bénédiction la plus haute que puisse conférer un sacrifice. Et même si le mantra Hare Krishna n'est pas chanté covenablement, il garde tant de puissance qu'il demeure néanmoins efficace pour la personne qui le chante. (S.B. 4.13.27)

Un sacrifice védique n'a rien d'une cérémonie banale. En effet, les dévas participaient généralement à ces sacrifices, et les animaux immolés au cours de telles cérémonies se réincarnaient dans un corps nouveau. En cet âge de Kali, toutefois, il n'existe pas de puissants brahmanes qui puissent inviter les dévas ou redonner une vie nouvelle aux animaux sacrifiés. Jadis, les brahmanes parfaitement versés dans les mantras védiques pouvaient ainsi démontrer la puissance de ces mantras, mais dans l'ère actuelle, tous ces sacrifices sotn interdits, car il n'existe plus de tels brahmanes. Le yajña au cours duquel des chevaux étaient offerts en sacrifice portait le nom d'asvamedha. Parfois, c'étaient des vaches qui étaient sacrifiées (gavalambha), non pour manger leur chair, mais bien pour leur donner une vie nouvelle et démontrer ainsi la puissance du mantra. Bref, en cet âge, le seul yajña que l'on puisse accomplir est le sankirtana-yajña, le chant perpétuel du mantra Hare Krishna. (S.B. 4.13.25)

Le but ultime des rites védiques, de la philosophie du Védanta et du mysticisme védique est rempli par le chant du Saint Nom :

[Krishna dit à Arjuna:] " Car, de même qu'une grande nappe d'eau remplit d'un coup toutes les fonctions du puits, celui qui connaît le but ultime des Védas recueille, par là même, tous les bienfaits qu'ils procurent. "

Les rites et sacrifices consignés dans le karma-kanda ont pour but d'encourager le développement progressif de la réalisation spirituelle, celle même dont la Bhagavad-Gita (15.15) nous expose clairement l'objectif en disant que le but de l'étude des Védas est de connaître Krishna, la source de toutes choses. La réalisation spirituelle consiste donc à comprendre Krishna et la relation éternelle qui nous unit à Lui. Le quinzième chapitre de la Bhagavad-Gita nous éclaire également sur la nature de la relation qui unit au Seigneur les êtres distincts. Ces derniers font partie intégrante de Krishna; ranimer en soi la conscience de Krishna, c'est donc la perfection même, où peut nous conduire la connaissance des Védas. Ce que confirme le Srimad-Bhagavatam (3.33.7) :

aho bata sva-paco 'to gariyan
yaj-jihvagre vartate nama tubhyam
tepus tapas te juhuvuh sasnur arya
brahmanucur nama grnanti ye te

" O mon Seigneur, quiconque chante Ton Saint Nom, fût-il issu de la plus basse condition, et né de candalas [mangeurs de chien], se trouve au niveau le plus élevé de réalisation spirituelle. Pour y parvenir, il a certes dû s'imposer toutes sortes de pénitences et accomplir des sacrifices selon les rites védiques; il a dû aussi étudier les Védas et s'être baigné dans tous les saints pèlerinages. Il est reconnu comme le meilleur des Aryens. "

Soyons donc suffisamment avertis pour comprendre le but véritable des Védas et ne pas nous attacher uniquement aux rites qu'ils préconisent; il faut également couper court au désir d'atteindre les planètes édéniques, seulement pour jouir plus intensément des plaisirs matériels. Il n'est possible à l'homme d'aujourd'hui ni d'observer les lois et les règles nécessaires à l'accomplissement des rites védiques, ni de se conformer à celles prescrites dans le Védanta et les Upanishads. Accomplir les rites védiques demanderait beaucoup de temps, d'énergie, de connaissance et de ressources, choses que ne prodigue pas cet âge. On peut toutefois atteindre le but ultime de la culture védique en chantant les Saints Noms du Seigneur, comme le conseilla Sri Chaitanya Mahaprabhu, le libérateur de toutes les âmes déchues. Lorsque Prakasananda Sarasvati, un grand érudit en matière védique, Lui reprocha d'être " sentimental ", de chanter les Saints Noms au lieu d'étudier la philosophie du Védanta, Sri Chaitanya, le Seigneur Lui-même, répondit que Son maître spirituel L'ayant trouvé fort ignorant, Lui avait enjoint de chanter les Saints Noms de Sri Krishna. Et chantant ainsi, Il fut envahi par une extase débordante. Dans l'ère où nous vivons, le Kali-yuga, la plupart sont ignorants, inaptes à comprendre la philosophie du Védanta; le moyen qui leur est donc recommandé pour atteindre le but que poursuit l'étude du Védanta est de chanter les Saints Noms, en se gardant de commettre toute offense. Le Védanta est l'apothéose de la sagesse védique, et Krishna en est aussi bien l'auteur que le connaissant. Le plus grand védantiste est le mahatma, qui prend plaisir à chanter les Saints Noms. C'est dans ce chant que l'étude des Védas trouve son apogée. (B.G. 2.46)

Pour qui chante le Saint Nom, aucun autre yajña n'est nécessaire [Sri Chaitanya dit à Sanatana Goswami:] " Celui qui délaisse tous ses devoirs matériels et prend pleinement refuge aux pieds pareils-au-lotus de Mukunda, le protecteur de tous, n'a plus aucune dette envers les dévas, les grands sages, les êtres vivants ordinaires, les parents, les amis, l'humanité ou même les ancêtres. "

Il est dit :

adhyapanam brahma-yajñah pitr-yajñas tu tarpanam
homo daivo balir bhauto nr-yajño 'tithi-pujanam

" Par les oblations de beurre clarifié, on satisfait les dévas. Par l'étude des Védas, qui est l'accomplissement du brahma-yajña, on obtient la satisfaction des grands sages. Par les libations d'eau aux ancêtres, on accomplit le pitri-yajña. En payant tribut, on accomplit le bhuta-yajña. En recevant des invités comme il se doit, on accomplit le nri-yajña. " Il existe cinq sortes de yajñas pour cinq sortes de dettes - dette envers les dévas, les grands sages, les ancêtres, les êtres vivants et le commun des mortels. Cinq sortes de yajñas doivent donc être observés, mais pour qui pratique le sankirtana-yajña (le chant du mantra Hare Krishna), aucun autre yajña n'est nécessaire. Dans le Srimad-Bhagavatam, Narada Muni parla de l'accomplissement systématique du bhagavata-dharma en se référant aux précédents exposés faits par les 0 neuf Yogendras devant Maharaja Nimi. Le sage Karabhajana Rishi expliqua quels étaient les quatre avatars correspondant aux quatre yugas, et pour finir, dans ce verset (141), il expliqua la position du pur dévot de Krishna et comment il est affranchi de toute dette. (C.C. Madhya 22.141)

b) Dans le Kali-yuga, le sankirtana-yajña comble les dévas.

Celui qui adore le Seigneur Suprême sert par là même l'intérêt de tous les dévas, puisque ceux-ci représentent des parcelles du Tout. Si l'on arrose les racines d'un arbre, on nourrit automatiquement les branches, les rameaux et les feuilles, et, en nourrissant l'estomac, on contribue tout naturellement au bien-être de toutes les parties du corps - les bras, les mains, les jambes, etc. De même, l'adoration portée à Dieu, la Personne Suprême, permet de combler tous les dévas, alors que même si on offre un culte à tous les dévas, l'adoration du Seigneur demeure incomplète. En conséquence, celui qui voue un culte aux dévas ne suit pas la voie correcte et ne respecte pas les injonctions scripturaires.

Dans l'âge de Kali, il est quasiment impossible d'accomplir les sacrifices destinés aux dévas, ou déva-yajñas. Aussi le Srimad-Bhagavatam (11.5.32) préconise-t-il le sankirtana-yajña : yajñaih sankirtana-prayair yajanti hi sumedhasah - " En cet âge de Kali, les êtres intelligents s'acquittent de tous les yajñas par le seul chant du maha-mantra : Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare. " Tasmin tuste jagat tustam : " Lorsque Vishnou est comblé, tous les dévas, parties intégrantes du Seigneur Suprême, le sont également. " (S.B. 4.2.35)

Exécuter un yajña est une tâche des plus ardues, car il faut y inviter tous les dévas. En cet âge de Kali, il n'est pas possible d'accomplir des sacrifices aussi coûteux, ni d'inviter les dévas à y participer. Aussi les Écritures indiquent-elles pour cet âge : yajñaih sankirtana-prayair yajanti hi sumedhasah (S.B. 11.5.32) : les hommes d'intelligence devraient comprendre qu'il est impossible d'accomplir les sacrifices védiques dans le Kali-yuga. Pourtant, à moins de satisfaire les dévas, il ne saurait y avoir de régularité dans le cours des saisons ou dans les pluies, car ce sont eux qui dirigent tous les phénomènes naturels. En cet âge, par conséquent, afin de maintenir la paix et la prospérité dans la société, tous les hommes intelligents devraient accomplir le sankirtana-yajña en chantant les Saints Noms : Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare. On peut donc combler tous les dévas en exécutant ce yajña qui consiste à inviter les gens à chanter Hare Krishna, puis à distribuer du prasada; la paix et la prospérité régneront alors dans le monde. En outre, les rites védiques comportent une difficulté supplémentaire, car si l'on manque de satisfaire ne serait-ce qu'un seul déva parmi les centaines de milliers qui existent - tout comme Daksa négligea de satisfaire Shiva -, il faut alors s'attendre à un désastre. Mais en cet âge, l'exécution des sacrifices a été simplifiée puisqu'en chantant Hare Krishna, on peut satisfaire Krishna et par là même combler tous les dévas. (S.B. 4.6.53)

c) Sri Chaitanya est le sankirtana-yajña-purusa.

Tout comme Sri Vishnou apparut jadis pour accepter les yajñas, Sri Chaitanya est apparu en cet âge pour accepter notre sankirtana-yajña :

Le Srimad-Bhagavatam affirme qu'en cet âge de Kali, le seul yajña qui puisse être accompli avec succès est le yajñaih sankirtana-prayair - le sacrifice sublime qui consiste simplement à chanter :

Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare / Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare. Ce yajña est offert à la Forme de Sri Chaitanya, tout comme les autres yajñas sont offerts à la Forme de Sri Vishnou. Voilà donc les prescriptions du Srimad-Bhagavatam qui sont mentionnées dans le onzième Chant. En outre, ce yajña atteste que Chaitanya Mahaprabhu est Vishnou Lui-même. Tout comme Vishnou apparut voilà très longtemps lors du Daksa-yajña, Sri Chaitanya est apparu en cet âge pour accepter le sankirtana-yajña que nous Lui offrons. (S.B. 4.7.41)

En exécutant le sankirtana-yajña et en satisfaisant Sri Chaitanya, le yajña-purusa, on peut obtenir tous les bienfaits des grands sacrifices d'autrefois :

Le mot yajña désigne également Sri Vishnou, le Seigneur Suprême, et l'on entend par sacrifice le fait d'œuvrer pour la satisfaction de Dieu, la Personne Suprême. En cet âge, toutefois, il est très difficile de trouver des brahmanes compétents pouvant accomplir les sacrifices prescrits dans les Védas. Aussi est-il expliqué dans le Srimad-Bhagavatam (yajñaih sankirtana-prayair) qu'en exécutant le sankirtana-yajña et en satisfaisant Sri Chaitanya, le yajña-purusa, on peut obtenir tous les bienfaits qu'apportaient les grands sacrifices d'autrefois. (S.B. 4.19.7)

On adore Sri Chaitanya, l'incarnation du Seigneur Suprême, Narayana, par le sankirtana-yajña, le chant du Saint Nom :

[Les fils du roi Pracinabarhi dirent à Sri Vishnou:] " Narayana, le Seigneur Suprême, est présent parmi les bhaktas qui sont profondément occupés à écouter et à chanter Ses Saints Noms. Sri Narayana est le but ultime des sannyasis, ceux qui ont opté pour l'ordre du renoncement, et ceux qui sont libérés de la souillure matérielle L'adorent en prenant part au Mouvement du sankirtana. À vrai dire, ils répètent sans cesse le Saint Nom. "

Il est vrai que la pratique du sankirtana-yajña a pour effet immédiat de satisfaire le Seigneur Suprême, si bien que Narayana Se manifeste alors en personne parmi nous. Au cours de cet âge de Kali, Narayana est directement présent en la personne de Sri Chaitanya. En ce qui concerne le Seigneur Chaitanya, le Srimad-Bhagavatam (11.5.32) enseigne :

krsna-varnam tvisakrsnam
sangopangastra-parsadam
yajñaih sankirtana-prayair
yajanti hi sumedhasah

" En cet âge de Kali, les êtres intelligents se livreront au chant collectif du Saint Nom, afin d'adorer l'avatar qui, sans cesse, chante le Nom de Krishna. Bien que Son teint ne soit pas sombre, Il est Lui-même Krishna. Il vient avec Son entourage, Ses serviteurs, Ses armes et Ses proches compagnons. " Pour tout dire, le but de la vie humaine est de satisfaire Narayana et on peut aisément y parvenir par la pratique du sankirtana-yajña. Chaque fois qu'on se livre au chant collectif et public des Saints Noms du Seigneur - Gaura Narayana - Dieu, la Personne Suprême, sous Sa Forme de Sri Chaitanya, apparaît aussitôt; il est alors adoré par ce du sankirtana-yajña. (S.B. 4.30.36)